miroir

J'aurais aimé la mort de Jocelyn Quivrin.

Parmi les 5000 tués annuels de la route en France, il y a des gars shootés qui distinguent difficilement les signalisations, des alcolos pas trop maîtres de leurs manoeuvres, des "sûrs d'eux" qui se la jouent Fangio, des gens normaux qui commettent des erreurs d'appréciation, d'inattention etc.. Bref, des accidents.

Il y a eux, peut-être demain nous, mais pour moi c'est trop tard : je n'aurai pas la mort de Jocelyn Quivrin.

Quelle tristesse.

Je ne mourrai pas à 31 ans dans un prototype high-tech dont seuls 18 privilégiés français en ont la jouissance, offrant ainsi une allure de super-héros et un charme poétique à mourir sous un pont du périph' parisien.
Ma femme -jeune et belle actrice- ne jouera pas du piano dans l'église, Jean Dujardin ne viendra pas à mon enterrement, pas de Samuel Le Bihan ni de Jean Reno, et pas non plus de Maïwenn/Hélène de Fougerolles/Anne Marivin et Nathalie Baye.

On ne me dégottera pas non plus une place au célèbre Père Lachaise où je reposerais aux côtés de Sarah Bernardt, Molière, Chopin, Jim Morrison, Jean Moulin, La Môme, Montant/Signoret et consoeurs.

Ce formidable ensemble apporte un aspect déja légendaire à un fait pourtant si banal mais je dois m'y résoudre, je n'aurai pas une aussi belle mort que celle de Jocelyn Quivrin. De toute façon, ça fait 10 ans que je sais que je ne mourrai pas à 31 ans.

Certains d'entre nous sont amenés à disparaître un peu plus tôt que d'autres mais puisque nous sommes "condamnés" à rester encore un peu, autant mesurer à sa juste valeur la préciosité du temps dont on dispose et d'en profiter pleinement pour que la dernière réflexion avant de passer de l'autre côté ne soit pas : "putain, j'aurais dû faire ça".

Jo - home... -élie, -mage