"elles voulaient vivre"



Elles "attendaient leur tour" dans le guetto de Vilnius (Lituanie), espérant la file de gauche à celle de droite le jour où la sélection s'opèrerait.

"Lorsqu'ils sont arrivés devant l'officier nazi qui était en charge de choisir qui était apte au travail, qui pointait à gauche les vivants, à droite les morts, la grand'mère a saisi le bébé des bras de sa fille Macha, a pris la main de la petite Salomé que Raya a lachée, et est allée ainsi avec ses deux petits-enfants vers la mort.
Ses deux filles Macha et Raya ont accepté d'être sauvées, de vivre sans leurs enfants. Elles se sont retrouvées dans la file de ceux qui partaient au Lager."
Page 146, La réparation de Colombe Schneck.

"Comment ont-elles accepté ? Leur mère avait choisi : ses deux filles qui avaient à peine trente ans devaient vivre, avoir d'autres enfants, construire l'avenir. Macha et Raya ont été déportées, ont survécu, se sont remariées et eu de nouveaux enfants. Ce ne sont pas des choses pour lesquelles il y a des mots, pour lesquelles on peut se dire, qu'aurais-je fait à leur place? ".
Page 148.

Elles voulaient vivre.
  
Comme la vie est semée de rencontres, cette année est particulièrement riche en apprentissage pour moi. Quand les parcours se croisent, quand les mondes se superposent, on découvre alors la formidable force de vie qui anime ceux qui pourraient, à un moment, décider de laisser tomber. Ainsi, cette jeune fille de Grasse qui vient d'accoucher pour combattre le mauvais sort qui lui a fait perdre son jeune enfant un an auparavant (que je sortirai de ma mailing-list pour ce billet là) ou ce papa que je cotoie chaque jour en ce moment qui a adopté une grande sagesse pour occulter la disparition de son fils il y a quelques années ; ces gens au parcours très difficile qui ont décidé que la vie méritait d'être vécue.

Recommencer. Recommencer à vivre et à y prendre plaisir.

Petite leçon de force pour ceux qui auraient tendance à flancher, qui croient patiner quand le compteur n'est pas à l'heure, qui ont un peu perdu pied et ont du mal à s'agripper.
Petite leçon de force pour nous tous dans des moments qu'on traverse dans nos vies quand on oublie de mettre un coup de pied dans la barrière dont on mesure la faible épaisseur une fois celle-ci à terre...


Jo.
29 janvier 2013