après la croisette


L'effet escompté s'est produit lors de sa présentation, et malgré ses appels à l'accalmie, Rachid Bouchareb ne convainc pas complètement quand il ramène le tollé soulevé à Cannes à une simple scène de 6 minutes d'un film de cinéma. Lorsqu'il monte les marches du Palais des Festivals pour présenter son film sous bannière et musique algérienne, on peut estimer en toute objectivité que la volonté d'apaisement ne fasse pas réellement partie du scénario du jour.

http://www.youtube.com/watch?v=fiYnJwfijBo

Mais que s'est-il passé ce 8 mai 1945 à Sétif en Algérie pour que des manifestants, dont le maire de Cannes en tête, tentent de pertuber la première diffusion de "Hors la loi" ?
La formidable machine internet offrant la possibilité de nous informer en quelques clics, voici une synthèse des faits relevés:
"L’épisode est aujourd’hui bien connu, à défaut d’être longuement traité dans les manuels scolaires. A l’occasion du défilé de la victoire sur le nazisme et les puissances de l’Axe, des manifestants algériens réclament pacifiquement l’indépendance et le retour du nationaliste Messali Hadj, déporté au Congo. Le cortège est brutalement dispersé par la police française et un manifestant brandissant le drapeau algérien est tué d’une balle dans la tête par un commissaire. La manifestation dégénère en émeute contre les colons européens, dont 28 sont tués dans des conditions atroces ce jour-là. Pendant un mois, l’armée, appelée en renfort, réprime dans le sang l’agitation qui a gagné d’autres localités. Sétif est bombardé par la marine, l’aviation mène des raids. Des villages sont attaqués à l’automitrailleuse et des milices de colons participent au massacre. Au final, une centaine de colons ont été tués d’un côté, 8 000 à 20 000 «indigènes» de l’autre."


Ce qui est indéniable durant cette période algérienne, c'est que les forces françaises n'ont pas fait montre d'une grandeur à la hauteur de leur rang. La sauce des politiques et des militaires ayant tourné au vinaigre, taire des faits pourtant avérés, c'est mentir à ceux qui en souffrent encore à ce jour, attisant des désirs de vengeance menant parfois jusqu'à la haine.
Mais monter un film de cinéma dans le prolongement d'un succès qui traitait déja du sujet et ne pas revendiquer des recherches historiques sérieuses, il y a quand même une petite faille dans la crédibilité des bonnes intentions du réalisateur ( http://www.youtube.com/watch?v=vy1PF7lKpzc&feature=related)

Et puisqu'il parle de budget, plus de 20 millions d'euros ont été réunis. Parmi ses financeurs figurent France 2 et France 3, Canal+, Studio Canal, Kiss Films – la société de Jamel Debbouze –, la région PACA, l'ACSE, Ciné-cinéma et le CNC. L'apport venant d'Algérie ne représente qu'environ 20 % du budget mais c'est sous sa bannière que le film est présenté.

"Que le passé ait été glorieux ou calamiteux... Que les souvenirs soient tristes ou joyeux et parce que ce n’est jamais une bonne solution que d’occulter des pages du "grand livre de l’histoire"..." m'écrit Hocine Hayachi (fils d'Algérien, écrivain romancier à Vallauris), lors d'une récente correspondance qu'il a titré "écouter, accepter,comprendre, tolérer, et surtout pardonner".

Alors, la réponse d'apaisement à une actualité déja bouillante doit-elle prôner la transparence, le déni ou le silence ? "Crever l'abcès" invoque R. Bouchareb dans son interview, certes, mais pour focaliser sur une zone de pus, il faut déja que la magnitude soit de faible intensité sous peine de fragiliser les étages d'un hôpital déjà bien vacillant.

Un mot par ci, une action par là et pas véritablement d'appel au partage et à la fraternité dans les comportements. Imposer avec force une communauté et exiger des efforts d'acceptation de la part de leur hôte ne peut qu'aboutir à une certaine forme de rejet qui mènera irrémédiablement à un clash.

Mais grâce à Dieu, Allah, Jésus-Christ et Mahomet, l'avenir ne me donnera pas raison.

Heureusement...




Jo - inch'allah
24 mai 2010